Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Corps en Immersion

Une actualité dans les arts et les sciences à travers les corps pluriels.

Le temps du posthumain ?

Publié le 5 Février 2017 par Anaïs BERNARD in appel a communications, Appel à communications

Le temps du posthumain ?
Journée d’étude « Le Temps du posthumain ? »
Université Paris-Diderot (Paris 7)
Salle P-Albouy, le 2 juin 2017
Date limite des propositions : 6 février 2017
 
En 1999, dans ses Règles pour le parc humain, Peter Sloterdijk écrit : « Celui qui s’interroge aujourd’hui sur l’avenir de l’humanité et les médias de l’humanisation veut au fond savoir s’il existe un espoir de juguler les tendances actuelles qu’a l’être humain à retourner à l’état sauvage. ». Ce que propose le texte de Sloterdijk, déclencheur de la question du posthumanisme en Europe, c’est une remise en question des fondements de l’humanisme classique à l’âge des biotechnologies. Celles-ci, capables d’agir sur la nature même de l’homme (par le code génétique ou la reproduction, par exemple), atténuent la frontière entre humanité et animalité, entre homme et machine, et conduisent à repenser la place de l’homme dans l’univers.
 
Si, comme le suggère Sloterdijk, on traduit « post » par « marginalement », le posthumain caractérise ce qui est devenu marginalement humain, autrement dit un état de l’homme dans lequel son humanité même est une donnée annexe. Le posthumain est un phénomène qui correspond à l’invasion de la marchandise et à son interférence dans le rapport que l’homme entretient avec la réalité. C’est au moment où ce rapport souffre d’une telle médiatisation qu’il entraîne une remise en cause de l’humanité elle-même. Le point de départ du posthumain est donc un constat de la fin, pas forcément sous forme apocalyptique et de lamento nostalgique et réactionnaire. C’est un effondrement beaucoup plus insidieux et apparemment indolore, qui s’insinue au sein des mentalités et fait que les hommes eux-mêmes intègrent leur propre anéantissement.
 
Il est possible d’identifier deux tendances dans le posthumanisme : une première, proche du transhumanisme, qui parle d’une certaine amélioration de l’être humain par sa transformation biophysique ; et une autre qui postule l’éventuelle autonomie des créations humaines comme les robots ou bien l’intelligence artificielle. Les paris sur l’avenir posthumain ont en commun un environnement où l’hyperconsommation et l’énorme puissance des médias sont les signes les plus clairs de la civilisation, tandis qu’en même temps l’homme voit sa vie réduite à la représentation d’une fonction attribuée sans aucune possibilité d’individualité, dans une énorme solitude. Mais plus largement, la question posée par le posthumanisme pourrait être : dans quelle mesure l’autre, produit par l’homme, lui permet-il de se comprendre lui-même ? Et dès lors, à quoi se réduit l’humanité ?
 
Au-delà d’une très riche tradition de science-fiction, il existe de nombreux artistes, réalisateurs et écrivains concernés par le sujet posthumain. Dans les arts plastiques, citons les artistes australiens Stelarc et Patricia Piccinini, le bio-artiste brésilien Eduardo Kac, le Tissue Culture & Art Projet, les Français Marion Laval-Jeantet et Benoît Mangin, l’Américain Mark Pauline. Dans le cinéma, la liste peut s’étendre de Fritz Lang, Metropolis (1927) à Spike Jonze, I’m Here (2010) et Her (2013), ou Shane Carruth avec Upstream Colors (2013), en passant par l’œuvre de David Cronenberg : Videodrome (1983), The Fly (1986), The Naked Lunch (1991), EXistenZ (1999), dont le personnage Allegra Geller, la plus célèbre conceptrice de jeux vidéo, affirme : « The world of games is in a kind of a trance. People are programmed to accept so little, but the possibilities are so great. ». Parmi d’autres, ajoutons les frères Wachowski, Brandon Cronenberg, Paul Verhoeven, Stanley Kubrick, Shinya Tsukamoto. Dans la littérature, des exemples sont donnés par Brave New World (1931) d’Aldous Huxley, 1984 (1949) de George Orwell et plus récemment Les Racines du mal (1995) ou Villa Vortex (2003) de Maurice Dantec, les deux trilogies de William Gibson, ainsi que Michel Houellebecq avec Les particules élémentaires (1998) et La Possibilité d’une île (2005).
 
Le posthumain existe, il est déjà parmi nous, il est essentiellement présent dans le questionnement qui redéfinit les contours d’une humanité. La journée d’étude « Le Temps du posthumain » se veut une journée d’échanges et de débats autour du posthumanisme et de ses manifestations contemporaines. Envisageant le posthumanisme comme un problème esthétique, philosophique, politique ou anthropologique, cette journée d’étude souhaite en explorer ses manifestations dans les arts visuels, la littérature, le cinéma, les jeux vidéo, etc. Quels sont les facteurs qui peuvent être évoqués pour expliquer le développement du posthumanisme ces dernières années ? À travers le constat d’une forte présence de la notion de posthumanisme dans les arts et la littérature, peut-on dire que nous sommes entrés dans une ère du posthumain ?
 
Modalités 
Les propositions de participation à la journée d’étude devront nous parvenir sous forme d’une problématique résumée (5000 signes maximum, espaces et notes compris) avant le 6 février 2017, par courriel à maudgrangerremy@gmail.com, emeline.jaret@gmail.com et carlosetello@gmail.com. Pour ceux qui auront été retenus, le texte des interventions sera à faire parvenir avant le 22 mai 2017 (40000 signes, espaces et notes compris). Les communications ne dépasseront pas 30 minutes. La journée d’étude aura lieu le vendredi 2 juin 2017, salle P-Albouy, à l’université Paris-Diderot – Paris 7.
 
Comité d’organisation 
Maud Granger Remy (docteure de l’université Sorbonne-Nouvelle – Paris 3 et de la New York University),
Émeline Jaret (doctorante à l’université Paris-Sorbonne –Paris IV)
Carlos Tello (doctorant à l’université Paris-Diderot – Paris 7)
Commenter cet article